Géographie
La commune de Piscop, située à une quinzaine de kilomètres au nord de Paris, est établie sur les contreforts sud-est de la forêt de Montmorency. Elle est limitrophe de Domont, Ezanville, Ecouen, Saint-Brice-sous-Forêt et Montmorency.
Piscop comporte plusieurs hameaux : Pontcelles au nord, Blémur au nord-ouest. Au début du XXe siècle, on trouvait encore mention du Petit Piscop au nord-est, ainsi que des écarts constitués par le château et la ferme du Luat d’une part, le château de Blémur et ses dépendances d’autre part.
Population
Piscop comptait, au 1er janvier 2019, 763 habitants (population totale légale 2016 de l’INSEE), appelés Piscopiens et Piscopiennes.
Toponymie
L’écriture du nom a varié au cours des siècles – Piscop, Piscot, Pissecot, Pissecoc, Pissecoq- et donne lieu à plusieurs interprétations. L’une d’elles s’appuie sur un dérivé du mot « épiscopus » (« qui appartient à l’évêque »), car les terres auraient été données par Clovis à un évêque au Ve siècle.Une autre retient une explication liée aux nombreuses petites sources de faible débit parcourant la commune, analysant « Pissecot » comme « la côte qui suinte », ou « Pissecoq » comme une transcription de « pisse de coq ».
Histoire
La seigneurie englobant les terres de Piscop est une des plus anciennes de France. Elle est attestée dans une charte de 1124, nommant le chevalier Anselme de Pissecoc seigneur du lieu. Un siècle plus tard, en 1211, une église y fut créée par Pierre de Pissecot, mais le village resta attaché à la paroisse de Saint-Brice-sous-Forêt, à laquelle fut toutefois versé un dédommagement en terres et en argent. La paroisse de Piscop fut finalement fondée en 1214. Un château fut élevé près de l’église et prit le nom de « Château-Rouge ».
Le gendre de Pierre Pissecot, Erimbert de Braque, devint alors seigneur de Piscop. Les Braque restèrent présents dans la commune jusqu’en 1793. Jean Aubert dans sa Grande histoire du Val-d’Oise précise même qu’ils revinrent sur le domaine durant le Premier Empire. La gerbe de blé liée figurant sur les armoiries de la famille est aujourd’hui utilisée comme blason par la commune. Parmi les personnages les plus marquants de cette grande dynastie, on peut citer Nicolas de Braque, tué à Azincourt en 1415, ou encore Bérault de Braque, abbé, conseiller et aumônier de Catherine de Médicis.
Au gré des cessions et des partages, plusieurs seigneuries finirent toutefois par cohabiter sur le territoire. Ainsi, vers la moitié du XIVe siècle, Château-Rouge sortit de la famille Braque, pour passer à la famille Boucher, puis en 1641, à Nicolas Fayet, conseiller du parlement de Paris. A cette occasion, une ordonnance royale fit établir un terrier pour la seigneurie. Un second terrier fut rédigé de la même façon en 1678 lorsque Marie Fayet, vraisemblablement la fille de Nicolas, devint la nouvelle dame de Château-Rouge. En 1789, le domaine appartint à un nommé Grézin, fermier général, qui fut guillotiné en 1794. La seigneurie fut finalement vendue en lots. Les Braque quant à eux conservèrent ce qui devint rapidement Châteauvert, faisant construire un nouvel édifice seigneurial, à proximité de Château-Rouge. A la fin du XIVe siècle, Arnoul de Braque acheta la terre du Luat, située au milieu de ses propres possessions.
Dans sa monographie de 1899, l’instituteur du village évoque également la seigneurie de Blémur, acquise en 1456 par Philippe de Braque, mais échangée en 1476 par son descendant avec le chevalier Bouette. La famille Bouette resta en place jusqu’en 1791, date à laquelle le comte de Bouette vendit les terres à un manufacturier nommé Coulon.
Jean Aubert, quant à lui, cite encore la seigneurie de Pontcelles, avec une « maison noble », tandis que l’instituteur évoque la propriété du Clos du Cèdre. Il mentionne aussi La Châtaigneraie, une maison noble construite au XIXe siècle et détruite avec sa chapelle en 1968.
Après la période révolutionnaire et les réquisitions lors des guerres napoléoniennes, la commune de Piscop fut marquée par la guerre de 1870 : les troupes prussiennes arrivèrent dans le village le 19 septembre 1870 et n’en repartirent qu’un an plus tard, non sans avoir pillé de nombreuses demeures et détruit une partie des archives. Dans les années qui suivirent, la commune fut concernée par la construction des forts qui allaient délimiter le camp retranché de Paris : le fort de Domont et la batterie de Blémur furent ainsi édifiés entre 1874 et 1878, en partie sur le territoire communal.
Vie économique
Agriculture : au Moyen Age, la culture céréalière s’équilibrait entre production viticole et maraîchère. A la fin du XIXe siècle, l’instituteur décrit une production intensive de céréales et de betteraves, une culture maraîchère alimentant les marchés de Paris, Saint-Denis, Enghien-les-Bains et Montmorency. En revanche la vigne avait disparu. Les arbres fruitiers et notamment les poiriers étaient très cultivés, avec un marché d’exportation vers l’Angleterre. L’élevage bovin, encore inexistant, se développa à la ferme de Blémur notamment au début du XXe siècle, pour une production de lait et de viande - ferme qui fonctionna pleinement jusqu’aux années soixante.
Industrie : Au début du XIXe siècle, une filature était en activité à proximité du château de Blémur, et une autre au château du Luat.
En 1899, l’instituteur évoque une briqueterie à Pontcelles, ainsi qu’une petite activité de menuiserie avec le bois de châtaignier.
Commerce et artisanat : à la fin du XIXe siècle, Piscop ne comptait aucun commerçant établi, selon l’instituteur. A partir du XXe siècle toutefois, les mémoires et factures à en-tête présents dans le fonds permettent d’identifier un restaurant dans les années 1910, ou encore un magasin d’alimentation générale et un garage (à Pontcelles) dans les années 1930. La commune à cette époque est largement tournée vers les commerces et entreprises installés à Saint-Brice-sous-Forêt et à Domont.
Bâtiments et mobiliers remarquables
Eglise : l’église construite au XIIIe siècle n’existe plus. Rebâtie presqu’entièrement au milieu du XVIe siècle, elle fut dédiée entre 1674 et 1685 au culte de Notre-Dame et du saint écossais Guinefort : Guyonne Stuart, membre de la grande dynastie écossaise, était en effet devenue l’épouse de Philippe de Braque au début du XVIe siècle. Laissée à l’abandon de 1806 à 1839, elle fit l’objet d’une importante restauration en 1840. En 1856, le bas côté de la nef fut rétabli, en 1869 le clocher fut restauré. De nouveau abandonnée après la Seconde Guerre mondiale, l’église tomba en ruines durant les années 1950 et 1960 ; l’accès en fut interdit en 1972. Les vestiges ont fait l’objet d’une nouvelle campagne de restauration en 1984-1985. Le bas côté, réaménagé, est aujourd’hui utilisé pour la célébration du culte.
Château du Luat : En 1800, le bâtiment appartenait à Denis Jullien, alors maire de Piscop. Ce dernier y installa une filature de coton. En l’an X, le château fut acquis par Nicolas Louis Hyacinthe Hua, avocat au Parlement et resta dans cette famille jusqu’au dernier quart du XXe siècle. Il abrite depuis 1987 un collège privé, l’Institut du Luat.
Château de Blémur : devenu propriétaire en 1791, M. Coulon rebâtit le château en 1792, établit une filature près de là et devint maire de Piscop. M. Bouchon lui succéda comme propriétaire du château et maire dans la première moitié du XIXe siècle. L'édifice est actuellement privé. La ferme est toujours en exploitation.
Château Vert : reconstruit au XIXe siècle, le bâtiment est aujourd’hui privé.
Château Rouge : en grande partie remanié au XIXe siècle, le bâtiment est aujourd’hui privé.
Pierres tombales : à l’occasion des travaux entrepris dans l’église en 1840, deux pierres tombales seigneuriales datant du XVIe siècle ont été relevées. Ce sont celles de Robert Braque et son épouse Jehanne Fretel d’une part, de François Braque et de son épouse Marie de Saint-Benoist d’autre part. Elles sont actuellement visibles à l’église, dans le bas-côté réaménagé. Elles ont été classées Monuments historiques en 1908 au titre d’objets.
Epitaphe de Bérault de Braque : daté de 1575, il est visible dans le bas-côté réaménagé de l’église. Cette plaque funéraire a été classée Monument historique en 1915 au titre d’objet.
Cloche de l’église : datant de 1729, elle a été classée Monument historique en 1984 au titre d’objet.
Cèdre de Pontcelles : classé en 1930 au titre de monument naturel, ce specimen passe pour être contemporain du cèdre rapporté d’Angleterre par Bernard Jussieu en 1734, visible au jardin des Plantes.
Fort de Domont : en 1944, le fort de Domont fut en partie détruit par l’explosion d’un dépôt de munitions allemandes. Les Allemands utilisaient le lieu comme entrepôt de stockage, et aussi comme prison. Il est aujourd’hui propriété de l’Office national des Forêts.
Batterie de Blémur : des restes de constructions sont encore visibles et accessibles.